Cela fait maintenant plus de 80 ans que Rainford Hugh Perry a vu le jour au fond d’un village pauvre et reculé de la Jamaïque coloniale. Une trentaine d’années plus tard, alors que l’île s’affranchit enfin de la tutelle britannique, l’homme devenait l’une des figures les plus respectées de la scène musicale de son pays, gagnant sa renommée de chanteur en même temps que son fameux surnom « Scratch », et produisant bientôt certains classiques des Wailers tels African Herbsman ou Soul Revolution.
A cet âge canonique où il pourrait sans regret tirer sa révérence, le vieux lion du dub revient pourtant avec un nouveau long-format en ce mois de mai, donnant ainsi une suite à son Black Album façonné avec Danny Boyle l’an dernier. Et comme pour signifier le caractère quasi-biographique de ce projet, c’est avec la sobriété de son prénom de baptême qu’il a choisi d’intituler ce nouveau disque Rainford.
Un album qui se veut très personnel, donc, mais qui s’appuie aussi sur l’association éprouvée entre le Jamaïcain et le producteur anglais Adrian Sherwood, l’un de ses compagnons de studio depuis les années 80. Et après les trompettes plaintives d’un premier titre publié en février, ce sont des cordes de violoncelles mystiques qui accompagnent aujourd’hui Let It Rain, un nouvel extrait dub de Scratch où sa voix burinée est rehaussée cette fois-ci par des chœurs féminins plein de ferveur.
Alors que la pochette de Rainford figurait déjà les deux complices sous forme de cavaliers de l'apocalypse, le clip de *Let It Rain * puise lui-aussi massivement dans cette esthétique crayonnée où se téléscopent des représentations divines détournées avec une imagerie rastafari totalement psychédélique. Babylone n'a pas fini de trembler.
"Rainford", nouvel album de Lee Scratch Perry, est attendu le 31 mai 2019 via le label On-U Sound.